Au 1er septembre 2020, le gouvernement français, suite aux promesses de campagne d’Emmanuel Macron, mettait en place de manière effective l’idée d’une amende visant à sanctionner les utilisateurs de stupéfiants. Six mois ont passé, et comme prévu, rien n’a changé.

C’est quoi, cette amende ?

Vous ne connaissez pas les détails ou le but derrière cette amende ? Même si l’objectif n’est visiblement absolument pas rempli et ceux concernés par l’implémentation de cette idée révolutionnaire sont les premiers à en douter, voici quelques détails.

 L’amende forfaitaire vise tous les détenteurs et consommateurs de stupéfiants, mais dans les faits elle est principalement destinée aux consommateurs de cannabis. Le prix est de 200€ (+ inscription au casier judiciaire), rabaissée à 150 € si payée sous 15 jours, et alourdie à 450 € si non payée sous 45 jours.

Officiellement, le but est d’aider à désengorger les tribunaux et responsabiliser les consommateurs. Car après 50 ans de politique répressive et après que la France a reçu à de multiples reprises le grand honneur d’être le plus grand consommateur de cannabis en Europe (pp 21-22 du PDF en lien), nos gouvernements persistent et signent.

On fait un bilan de 6 mois de plus d’un modèle résolument répressif ?

« Un bilan mitigé »

C’est non. Et pourtant, c’est bien le titre que l’on pouvait lire sur une petite moitié des articles traitant du sujet ces derniers jours. « Un bilan mitigé ». Cela sous-entend qu’il y a du bien et du moins bien. Du coup, on a cherché le positif permettant à ce bilan d’être mitigé. On a donc trouvé des témoignages de « policiers de région parisienne » (plus vague SVP ?), défendant l’idée d’un « gain de temps », et que l’amende est « plus concrète qu’un rappel à la loi ». Voilà, donc, pour l’aspect positif.

A contrario, on notera que :

  • L’amende est très facile à éviter puisqu’il suffit de ne pas se balader avec sa pièce d’identité. Frédéric Lagache – délégué général du syndicat Alliance – ajoute que pour que l’amende soit appliquée, il faut que le [coupable] « ne soit pas mineur, reconnaisse les faits et ait des papiers sur lui. »
  • « Aucun changement n’est à constater au niveau des tribunaux car les consommateurs de stupéfiants faisant déjà l’objet d’une procédure simplifiée », selon le parquet de Bobigny.
  • Quant au nombre de consommateurs sur les points de vente, rien de bien concret, même si Frédéric Lagache argue qu’ « il y a toujours autant de consommateurs sur les points de deal. » A prendre avec des pincettes.
  • Un autre argument contre cette amende est simplement le coût de son implémentation, quand cet argent pourrait aller à la prévention ou la recherche par exemple. A quoi bon faire de la recherche scientifique pour cette « merde », objecteront certains.

Enfin, dans la catégorie « chiffres à interpréter selon votre bon vouloir », on retrouve :

  • 43500 contraventions dressées entre le 1er septembre 2020 et le 24 février 2021
  • +19,5% d’infractions liées aux stupéfiants enregistrées sur cette période, comparée à la même période un an plus tôt
  • Recouvrement de 40% des amendes

Si ces chiffres ne nous disent absolument rien sur le succès ou l’échec du projet de l’amende forfaitaire, ils nous rappellent bien que les gouvernements adorent les chiffres. Chiffres auxquels on fait dire ce que l’on veut.

Ce qu’on y voit ? Un entêtement féroce à vouloir démontrer par la politique du chiffre, que les mesures répressives mises en place gouvernement après gouvernement, sont efficaces et justifiées. Mais qui y croit encore ?