L’industrie du cannabidiol (CBD) continue de se développer. En Europe, le THC est illégal, et c’est son cousin non psychoactif – le cannabidiol, qui en a profité pour se faire une place. Certains consommateurs sont particulièrement intéressés par les potentiels bénéfices pour le bien-être, alors que d’autres y auront vu une façon légale de consommer du cannabis sans le « high » qui pourrait nuire à leur activité quotidienne. Aux Etats-Unis par ailleurs, le marché devient plus indépendant de l’industrie traditionnelle du cannabis. Les produits contenant du THC sont autorisés dans de nombreux Etats, mais doivent tout de même faire face à la concurrence du CBD.

Face à cette demande croissante de cannabis à bas taux de THC, les producteurs ont dû se pencher sur les méthodes pour obtenir des souches de cannabis riches en CBD.

La chasse aux phénotypes (‘’pheno-hunting’’)

Il s’agit de l’une des méthodes permettant d’obtenir des souches riches en CBD à partir de souches contenant majoritairement du THC. En génétique, le phénotype correspond à l’ensemble des traits observables d’un organisme (un humain par exemple, ou une variété de plante dans notre cas). On l’oppose traditionnellement au génotype, qui contient l’information génétique d’un organisme. Cette information peut s’exprimer de différentes façons du point de vue de ce que l’on observe physiquement : certains gènes sont « exprimés », d’autres non.

Exemple : un individu peut porter dans ses gênes plusieurs allèles, pour la couleur de ses cheveux par exemple. Considérons un individu qui a l’allèle cheveux blonds, et l’allèle cheveux bruns : s’il est blond (ou brun), cela signifie que c’est l’allèle « cheveux blonds » (ou bruns) qui s’est exprimé : l’expression de ces gênes est ce qu’on appelle le phénotype.

Pour en revenir à nos plantes, plusieurs graines d’une même variété donneront des plantes avec de nombreuses caractéristiques similaires, mais pas uniquement. Si la souche est naturellement forte en THC, on obtiendra majoritairement des plantes avec beaucoup de THC. Mais ce taux varie d’une plante à l’autre, profitant parfois au CBD. Par clonage de ces plantes riches en CBD, et en répétant le processus, on peut ainsi obtenir des plantes contenant moins de THC, et plus de CBD.

Plus de plantes, pour plus de chances d’obtenir le phénotype recherché!
Source: delta9systems.com

Les croisements génétiques (‘’breeding’’)

La méthode la plus couramment utilisée pour obtenir des plantes riches en CBD est certainement le « breeding ». Il s’agit de croiser des plantes de cannabis de différentes variétés. Comment ?

Il faut savoir qu’une plante de cannabis peut être mâle ou femelle, et c’est la femelle qui produit les délicates fleurs de la plante (oui, les têtes de beuh). La plante mâle a toutefois un intérêt primordial lorsqu’il s’agir de « breeding », car c’est grâce à elle que vont pouvoir avoir lieu des modifications génétiques, via la pollinisation.

Concrètement, pour obtenir une variété de cannabis avec un taux élevé de CBD par la méthode de croisements, il faut isoler dans une pièce (« breeding room ») une plante femelle de cannabis avec une plante mâle de chanvre (qui par définition ne contient que des traces de THC. Le chanvre est naturellement plus riche en CBD, il va polliniser la femelle, dont le génotype sera ainsi modifié, laissant la place à une variété naturellement plus riche en CBD.

Chambre de « breeding » – Source: medium.com

Pour conclure…

On pourrait se demander, dans le cas de pays européens, si l’essor des fleurs de CBD n’est pas simplement lié au fait que c’est une alternative légale pour consommer des fleurs. Le cas des Etats-Unis montre que même dans de nombreux Etats où le THC est autorisé, les produits – notamment les fleurs – au CBD sont devenus très populaires. THC ou non, il y a donc clairement un marché pour les fleurs de CBD, et l’on peut donc s’attendre à ce que la tendance consistant à créer des souches riches en CBD, continue ou s’accélère dans les mois et années à venir.