En février 2020, le CDC (Centre pour le Contrôle et la prévention des maladies) et la FDA (Food and Drug Administration), services de santé américains, ont publié un rapport sur l’émergence de maladies pulmonaires liées au vapotage. Des lésions pulmonaires parfois fatales ont été attribuées à la présence d’acétate de vitamine E dans les produits. En parallèle, l’association à but non-lucratif Fundación CANNA a décidé de réaliser une étude pour en savoir plus sur le cas de l’Europe, notamment suite à l’annonce du premier décès, en Belgique, lié à l’utilisation de cigarette électronique.

Objectifs et méthode

L’objectif annoncé est notamment de déterminer la présence de vitamine E (ou acétate de vitamine E), ainsi que d’autres substances potentiellement dangereuses. On y retrouve aussi des données concernant la présence et/ou la quantité de CBD (cannabidiol), THC et terpènes.

Fundación CANNA s’est ainsi approvisionné des 15 e-liquides au CBD les plus vendus en Europe en 2019. Approvisionnement réalisé auprès de différents vendeurs et revendeurs. Voici le résultat de leurs analyses.

Le cas de l’acétate de vitamine E

Sur les 15 produits analysés, un seul a montré la présence d’acétate de vitamine E (244,48 mg/g). S’il n’existe pour le moment pas de données permettant de quantifier le seuil de dangerosité, il semble pour le moment a minima nécessaire d’imposer un certain contrôle, en limitant l’usage de tels composés et en indiquant clairement la composition du produit. Fundación CANNA mentionne également l’alcool benzylique qui devrait être sujet à plus d’attention, au même titre que la vitamine E.

Les terpènes

12 des 15 échantillons ont montré la présence de terpènes présents naturellement dans la plante de cannabis. Fundación CANNA remarque une tendance à ajouter des terpènes au produit final, et s’ils n’en connaissent pas la raison exacte, il est supputé que cela soit pour se rapprocher du goût original de cannabis.

CBD et autres cannabinoïdes

Si la présence d’un produit potentiellement nocif comme l’acétate de vitamine E est très inquiétante, le cas du CBD témoigne lui d’un réel problème inhérent au marché du cannabidiol. En effet, 14 des 15 produits ont montré un taux de CBD inférieur à celui annoncé, avec des écarts allant de 2,5% à 78,33%, et un écart moyen de 27%. Des écarts existent également entre échantillons d’un même produit, signe clair d’un manque d’homogénéité.

Ces données semblent bien être le reflet d’un cruel manque de contrôle aussi bien sur les procédés de fabrication que sur la composition exacte des produits finaux. C’est sans nul doute un point sur lequel l’Europe a grand intérêt à se pencher. Autorité de contrôle répondant à des normes précises ? Labels indépendants ? Des solutions existent, et elles doivent être mises en place sous peine de discréditer une industrie qui, bien que naissante, a un immense potentiel.

On notera enfin la présence de delta-9-THC dans tous les échantillons, rendant possible la détection de ce composant lors de tests de dépistage.