La NBA : un vivier d’entrepreneurs…

Il n’est pas rare de voir d’anciennes gloires du monde du sport se reconvertir en businessmen plus ou moins chevronnés. Du côté des Etats-Unis, la NBA (Ligue Nationale de Basketball) semble même être un réel vivier. De nombreux joueurs, parfois toujours en activité, mettent judicieusement à profit leur notoriété, leur capital financier et leur réseau de contacts pour étendre leur activité professionnelle au-delà du sport. Michael Jordan a par exemple créé la marque de chaussures de basket et sportswear « Air Jordan », un empire colossal qui est à ce jour devenu une filiale de Nike. Plus près de chez nous, l’ancien meneur star des San Antonio Spurs – Tony Parker – semble avoir trouvé sa voie en devenant notamment actionnaire majoritaire et président de l’ASVEL – éminente équipe du championnat de France de Basketball, pour laquelle il a de grands projets.

… qui se tournent aujourd’hui vers le cannabis.

Ce n’est pas vraiment un secret que de nombreux joueurs de NBA aiment à profiter de la longue trêve estivale pour retrouver le doux plaisir de consommer du cannabis. En raison des circonstances sanitaires liées au COVID-19, la NBA avait d’ailleurs suspendu en juin 2020 les tests aléatoires de dépistage de la marijuana sur ses athlètes. Suspension reconduite pour la saison 2020/21.

A la lumière des nombreuses évolutions légales dans de nombreux états outre Atlantique, des anciennes stars de la NBA ont de leur côté misé sur un boom de l’industrie du cannabis dans un futur proche (boom déjà bien en cours, pourrait-on argumenter, mais qui semble encore avoir un immense potentiel). C’est le cas notamment de Al Harrington, Isiah Thomas et Chris Webber, dont nous vous détaillons les projets respectifs dans la suite de cet article.

Al Harrington : un temps d’avance et une aide aux communautés minoritaires

Si Al Harrington n’a pas eu une carrière en NBA aussi brillante que Thomas ou Webber, c’est bien lui qui semble avoir été le premier des trois à déceler dans l’industrie du cannabis un extraordinaire potentiel. Il explique pourtant que ce n’est que vers la fin de sa carrière qu’il a commencé à s’intéresser à la marijuana, et qu’il en n’avait jamais été consommateur jusqu’à la fin de ses années en NBA. C’est en voyant sa grand-mère, souffrant de glaucome et diabète et qui suivait un traitement médicamenteux lourd, qu’il propose à celle-ci d’essayer la marijuana pour se soigner. Initialement réticente, elle finira par être absolument conquise par l’efficacité du « traitement ». Il confie par ailleurs avoir commencé à utiliser lui-même du CBD après une opération et n’a désormais plus jamais l’intention de faire appel aux opioïdes.

Dès 2011, alors qu’il joue encore pour la Grande Ligue, il investit 5 millions de dollars dans l’entreprise qui opère aujourd’hui sous le nom commercial Viola. A cette époque, la marijuana à usage récréatif est encore illégale partout aux Etats-Unis et il investit donc en utilisant le nom de son cousin afin de cacher son implication dans le projet auprès de la NBA. Au fil des années, Viola devient un vendeur de fleurs de cannabis, concentrés et produits de vape notamment. Le succès est total, et en 2020 l’entreprise compte plus de 70 employés dans quatre Etats (Californie, Colorado, Michigan et Oregon), et est notamment suivie sur le réseau social Instagram par plus de 70 000 fans.

Al Harrington travaille aujourd’hui à un nouveau projet. En effet, il constate que les communautés minoritaires aux Etats-Unis sont discriminées et stigmatisées quant aux drogues et sanctions appliquées. Par ailleurs, ces mêmes communautés sont sous-représentées dans le business du cannabis, que cela soit au niveau des investisseurs ou postes de management. En février 2020, il dévoile son projet social « Viola Cares », dont le but principal est d’aider des entrepreneurs « de couleur » et anciens détenus, de se faire une place dans l’industrie du cannabis légal. Il entend notamment intégrer 100 personnes issues de minorités via un programme d’incubateur et un partenariat stratégique avec l’association Root & Rebound qui aide à la réinsertion d’anciens détenus.

Isiah Thomas : des projets à grande échelle

Isiah Thomas est connu pour avoir eu une excellente carrière en NBA dans les années 80 et 90. Bien qu’il fût loin d’être le joueur le plus apprécié de son époque*, son succès est indéniable. Il semble d’ailleurs en être de même concernant sa carrière professionnelle post-NBA.

Non content d’avoir créé l’entreprise ISIAH International, qui a notamment investi dans le Champagne Cheurlin-Dangin, il a annoncé en février 2021 investir 3 millions de dollars dans One World Pharma, dont il devient par ailleurs le PDG. Il s’agit d’une entreprise créée en 2017, producteur de nombreuses variétés de chanvre et produits dérivés (isolats, distillats, concentrés). Ce nouvel investissement a pour but d’accroître la production, de construire des installations d’extraction de qualité supérieure, et travailler à la certification de nouvelles graines / variétés de cannabis.

Nous lui souhaitons autant de réussite qu’en tant qu’athlète ! Et un peu moins d’animosité envers sa personne aussi, peut-être.

*Il était notamment le leader de l’équipe des Detroit Pistons surnommée les « Bad Boys », qui pratiquait un jeu extrêmement physique, et a mis à mal les Bulls de Jordan pendant plusieurs années. Il aurait par ailleurs été « blacklisté » par les leaders Jordan, Magic Johnson et Larry Bird pour ne pas être inclus dans l’équipe qui participerait aux Jeux Olympiques de 1992 à Barcelone.

Chris Webber : aider les minorités à s’insérer dans l’industrie

Leader lui aussi d’une équipe emblématique au début des années 2000, et connu sous le surnom « C-Webb », Chris Webber explique s’être impliqué dans le « business » avant même la fin de sa carrière, et s’est très vite pris au jeu. Il aborde les affaires de façon tout aussi compétitive, et c’est sur le cannabis qu’il a jeté son dévolu depuis maintenant plus de 5 ans.

Son discours est sensiblement le même que celui d’Al Harrington : il souhaite offrir aux minorités l’opportunité de pouvoir se développer et s’épanouir professionnellement via l’industrie du cannabis. Les moyens mis en œuvre sont toutefois différents.

Chris Webber s’est en effet associé avec JW Asset Management : un fonds d’investissement gérant plus de 2 milliards de dollars et qui investit dans le cannabis depuis 2014. Le projet sera ici de financer des entrepreneurs de couleur qui souhaite lancer leur carrière dans le secteur du cannabis. Divers outils seraient alors mis à la disposition des entrepreneurs : aussi bien pour l’obtention de licences, que de la recherche, des outils marketing ou de logistique.

Paul Pierce : Du CBD pour la dépression et les troubles de stress post-traumatique

Evoquons enfin Paul « The Truth » Pierce, star des Boston Celtics pendant 15 ans. Son histoire – bien qu’inspirante – est relativement sombre puisqu’il fut victime d’une grave attaque en 2000 dans un nightclub de Boston, qui laissa de nombreuses séquelles physiques mais aussi mentales. Souffrant d’anxiété extrême et d’ESPT suite à cet incident, c’est par le CBD qu’il trouva son salut. Se sentant désormais beaucoup mieux, et convaincu des bienfaits du cannabidiol, il a lancé en 2018 sa propre marque de produits au CBD, sous le nom Vape Vesper, avec en tête pour idée d’aider des milliers de personnes à travers les Etats-Unis, et promouvoir la plante de cannabis.

Pour conclure…

Les exemples de célébrités et anciens sportifs américains se prononçant d’une façon ou d’une autre en faveur du cannabis, sont nombreux et cette liste n’appelle pas à être exhaustive. Il est toutefois intéressant d’observer depuis nos frontières le développement d’une variété de projets pour cette industrie encore naissante.

Quand bien même l’Europe ne soit pas (encore ?) aussi ouverte quant à la légalisation du cannabis – à usage médical ou non – les lignes bougent peu à peu. Le temps nous dira si nos politiques et entrepreneurs sauront s’inspirer des Etats-Unis et du Canada. C’est bien le moins que l’on puisse espérer quand un tel exemple se présente à nous.